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Chronique / La Poste Sénégal au paroxysme de la dégringolade.
Habibou Bassene stagiaire
mardi 10 mai, 2022 - 12:22

La Poste est un opérateur public responsable du service postal universel créé en 1995 qui a le statut de société nationale. Elle compte aujourd’hui près de 1800 employés dont plus de 270 cadres et reste l’une des plus grande entreprise de la place. Malheureusement, depuis quelques temps, une succession de dérives la maintient à l’agonie et 4500 mères et pères de famille risquent d’être sacrifiés si rien n’est fait.

La Poste est confrontée à des difficultés financières et de gestion. Les syndicats de la maison n’ont cessé d’alerter l’opinion sur la situation. La Poste a perdu plus de la moitié de son capital social en enregistrant un déficit de 32,8 milliards de FCFA, d’après un rapport du ministère des Finances publié par le site nettali. Elle doit à l’Etat du Sénégal la somme de 189 milliards de FCFA malgré qu’il lui ait « remis tout récemment, un montant de 12 milliards de FCFA en guise de reliquat pour permettre de sauver l’essentiel », précise le chef de l’Etat. Les 5.000 travailleurs qu’elle compte ne pourront pas tous être payés vu la situation d’autant plus que cela fait un moment que des retards de paiement inhabituels se font sentir.30 milliards de FCFA avaient été remis à La Poste par l’État en 2021, mais cela n’a pas pu régler grand chose.

Finalement, c’est une tempête de révoltes qui s’est soulevée. Clients comme travailleurs de cette société crient au scandale. En octobre dernier, l’Union Nationale des Consommateurs du Sénégal (UNCS) n’avait pas manqué de faire sortir un communiqué faisant état des réclamations reçues de ses membres. Une indignation collective suite à l’impossibilité d’effectuer des opérations de retrait faute d’argent. En novembre, c’est le Syndicat National des Travailleurs de La Poste et des Télécommunications (SNTPT) qui prit le relais en tenant une conférence de presse pour mettre à nue les tares de La Poste sous un cri haut et fort: « La société nationale La Poste est aujourd’hui, plus que jamais, confrontée à des difficultés financières et de gestion qui la précipitent, si rien n’est fait, dans une mort certaine. »

Les DG n’en restent pas en laisse. Si La Poste est dans le gouffre, aujourd’hui, les différents DG qui ont eu à s’y succéder n’en restent pas en laisse. Les syndicalistes se sont même posé la question de savoir si ladite société n’était « pas seulement un canal de transition savamment utilisé par les autorités de l’État pour mieux détourner des deniers publics par le mécanisme de la compense. C’est la seule explication par rapport à un État qui a laissé cours pendant des années à ces pratiques de dilapidation des ressources publiques à des fins purement politiques et personnelles » surtout que l’État n’a daigné envoyer les corps de contrôle, ni sanctionner les acteurs coupables pendant tout ce temps. De leur côté, les travailleurs de La Poste accusent l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) de ne pas les avoir protégés des autres opérateurs du secteur.

Deux catégories y émergent actuellement. L’une n’a pas de licence et l’autre, bien que l’ayant, refuse de verser la redevance. Une situation qu’elle déplore d’autant plus que sanctions et arbitrage ne se font pas sentir. Par ailleurs, ces syndicalistes ne manquent pas de préciser les 65 milliards de FCFA que l’Etat doit à La Poste tout en montrant leur désir de rencontrer le chef de l’Etat Macky Sall pour d’amples négociations devant déboucher sur la décantation des nombreux problèmes auxquels fait face la société. La solution à cette équation complexe serait celle proposée par le postier M. Dème: «La meilleure formule, c’est de commencer par la diplomatie. C’est par elle que nous trouverons des solutions durables et structurelles qui impacteront la vie de l’entreprise et des postiers. »

Face à cet élan de faits, Macky Sall a reçu les centrales syndicales ce 3 mai, à la suite de quoi il a déclaré: « La Poste est une entreprise en difficulté et si nous voulons sauver l’essentiel, il faut une recapitalisation et créer une nouvelle société nationale. Il nous faut aussi être plus regardant sur la gestion des sociétés nationales, surtout au niveau des recrutements. »La dette de La Poste n’est que structurelle. Elle devrait faire appel à la modernisation pour répondre adéquatement à la réalité mondiale. Vu son indispensabilité dans la société sénégalaise, l’Etat devrait, aussi, ouvrir une partie de son capital au secteur privé.

Un retour à la normale commence à se faire sentir, mais, une chose est sûre, La Poste d’avant ne sera plus la même.

 

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