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voitures d’occasion : danger de pollution pour l’Afrique
BBC Afrique
dimanche 1 novembre, 2020 - 0:01

Un rapport de l’ONU indique que des millions de voitures d’occasion très polluantes provenant de pays riches sont  »revendues’ aux pays en développement.

Entre 2015 et 2018, quelque 14 millions de véhicules anciens et de mauvaise qualité ont été exportés d’Europe, du Japon et des États-Unis.

Quatre sur cinq ont été vendus à des pays plus pauvres, dont plus de la moitié en Afrique.

Les experts affirment que jusqu’à 80 % d’entre eux n’ont pas remplis les normes minimales de sécurité et d’environnement dans les pays exportateurs.

En plus de provoquer des accidents, ces voitures aggravent la pollution de l’air et contribuent fortement au changement climatique.

De nombreux véhicules ont également été altérés pour retirer des pièces de valeur.

Le rapport, publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), indique que les exportateurs et les importateurs doivent mettre en place des réglementations plus strictes pour endiguer le flux de ces voitures.

La possession de voitures est en plein essor dans le monde entier avec environ 1,4 milliard de véhicules sur les routes, un nombre qui devrait atteindre environ deux milliards d’ici 2040.

Une grande partie de cette croissance se produit dans les pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Dans leur analyse triennale, les chercheurs ont constaté que les réglementations sur les importations de voitures dans la majorité des 146 pays étudiés étaient « faibles » ou « très faibles ».

Une deuxième étude sur la question, réalisée par l’Inspection néerlandaise de l’environnement humain et des transports, montre que de nombreuses voitures et camionnettes expédiées des ports néerlandais vers l’Afrique sont obsolètes et contribuent à la détérioration de la qualité de l’air sur le continent.

« Ce que nous pouvons dire, c’est que sur ces 14 millions de véhicules, jusqu’à 80 % environ ne sont pas en état de rouler et ne répondent pas à une norme d’émission des véhicules appelée Euro 4 », a déclaré Rob de Jong, de l’UNE, l’un des auteurs du rapport.

La norme automobile Euro 4 est entrée en vigueur en Europe en janvier 2005.

« Cela signifie que ces véhicules émettent 90 % d’émissions en plus parce qu’ils ne répondent pas à cette norme minimale », explique M. de Jong.

Selon les auteurs, ces voitures sont à la fois « dangereuses et sales ».

Ils pensent que ces importations sont responsables de l’augmentation des accidents de la route dans de nombreux pays africains et asiatiques plus pauvres. Les voitures pompent également des particules fines et des oxydes d’azote, qui sont les principales sources de pollution de l’air dans de nombreuses villes.

« En 2017, l’âge moyen d’un véhicule diesel importé en Ouganda était de plus de 20 ans », révèle Jane Akumu, également de l’UNE.

« C’est la même histoire pour le Zimbabwe. En fait, une trentaine de pays d’Afrique n’ont pas de limite d’âge pour les voitures. Ainsi, tout type de voiture, quel que soit son âge, peut entrer. »

En plus de ne pas respecter les normes de sécurité routière et environnementale, un grand nombre ont été falsifiés et des pièces importantes ont été retirées.

« Dans certains cas, ils ont coupé les convertisseurs catalytiques, parce que la valeur du platine vaut 500 $. Et ils ont mis un morceau de tuyau en acier et l’ont soudé », souligne Rob de Jong.

« Ils ont illégalement retiré les airbags, parce qu’ils ont une valeur en Europe, ils ont illégalement retiré le système de freinage antiblocage parce qu’il a une valeur et est vendu au marché noir. »

Parmi les véhicules mentionnés dans le rapport, plus de 54 % provenaient d’Europe. Beaucoup ont été exportés à travers les Pays-Bas.

Les autorités néerlandaises sont préoccupées par le commerce et souhaitent que des mesures soient prises au niveau européen.

« Les Pays-Bas ne peuvent pas résoudre seuls ce problème », note Stientje van Veldhoven, ministre néerlandais de l’Environnement.

« Par conséquent, j’appellerai à une approche européenne coordonnée et à une coopération étroite entre les gouvernements européens et africains, afin de garantir que l’UE n’exporte que des véhicules adaptés et conformes aux normes fixées par les pays importateurs. »

La prise de conscience croissante des dangers posés par ces voitures a vu plusieurs pays importateurs durcir leurs réglementations.

Le Maroc n’autorise l’importation que de voitures de moins de cinq ans. Le Kenya a également une limite d’âge de huit ans pour les voitures importées.

Au niveau régional, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui représente 15 pays, a fixé des normes de carburant et de véhicules plus propres à partir de janvier 2021.

Mais pour vraiment régler le problème, il faudra agir aux deux extrémités de la chaîne d’approvisionnement.

« D’une part, je pense qu’il est contraire à l’éthique que ces pays développés exportent des véhicules qui ne sont pas en état de rouler sur leurs propres routes », dit Rob de Jong.

« D’un autre côté, pourquoi les pays importateurs ont-ils attendu si longtemps pour mettre en place des normes minimales ?

« Je pense donc que la responsabilité n’incombe pas uniquement au pays exportateur, c’est vraiment une responsabilité conjointe ».

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