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APERU SUR LA VIE DE El HADJ MOHAMADOU SAIDOU BA (RTA) IL créa le village de Madina Gounasse en 1936
Ibrahima Dia
vendredi 11 juin, 2021 - 11:49

…Thierno Siradio expliqua à son hôte son aventure et son intention de créer un village. Yéro Djeïnaba l’invita, avec insistance, à s’installer dans sa province au prix de son pouvoir. Il lui dit toute sa disponibilité à être à ses services en qualité de disciple. En raison de l’engagement sans réserve de Yéro Djeïnaba, Thierno Mamadou Saïdou finit par accepter l’invitation de son hôte. Yéro Djeïnaba mit alors à sa disposition un guide, du nom de Samba Bah, pour l’aider à trouver dans son canton un endroit de son choix.

En compagnie du guide, Thierno visita la zone et porta son choix sur un endroit très boisé et inhabité, situé près d’un affluent (Kosobo), non loin de Gounassiyel, un hameau peuplé de chasseurs et dont le chef d’alors s’appelait Thierno Coumba Boiro. Thierno Siradji reçut de Yéro Djeïnaba l’autorisation de défricher l’endroit choisi et d’y créer son village. Ainsi, le 27 Février 1936, à 200 km de Madina Seydi Aly, Thierno Mamadou Saïdou Ba défricha un terrain vierge pour y fonder le village de Madina Al Mounawar, devenu par la suite Madina Gounasse, en référence à Gounassiyel, le petit hameau qui était à côté. Thierno Mamadou Saïdou fut le premier à couper à coup de hache une branche avant de donner à ses compagnons le signal d’assaut. Ses compagnons répétèrent son geste sous le cri de «Allah Akbar». Thierno Mamadou Saïdou dirigea ses illustres compagnons pour accomplir la première prière du Dental sur ce nouveau site béni.

Deux à trois jours après leur installation dans leur nouveau hameau, Boubabar Maana Baldé arriva de Kolda et annonça la naissance de Thierno Ahmadou Tijjaani [26], l’actuel Khalife.
Par la grâce de Dieu, Thierno Mamadou Saïdou et ses fidèles compagnons purent résister à l’hostilité de la zone. Tobo, le chef de Canton de Témento qui s’opposait farouchement à leur installation, ne manquait l’occasion de les harceler. Des brigands les attaquaient. Des mauvais esprits les perturbaient. Ils ne cédèrent point au découragement malgré la forte présence de bêtes féroces et de reptiles venimeux. C’est dans ces conditions que fut créée Madina Gounasse, la religieuse.

Madina Gounasse, une ville champignon

Thierno Mamadou Saïdou invita [27] ses anciens condisciples de Madina El hadji à venir le rejoindre dans son nouveau village pour poursuivre avec lui l’œuvre de leur maître El hadji Seydi Aly Thiam sur la base d’un engagement à accepter et respecter les règles suivantes : Suivre à la lettre les directives du marabout
Œuvrer pour le renforcement des relations humaines entre tous les membres de la communauté sans distinction.
Eviter d’être à la source de problème dans et/ou pour le village.
Thierno Mamadou Saïdou se donna pour mission la poursuite de l’œuvre de son défunt maître, El Hadji Seydi Ali Thiam. Sa mission consistait alors à éduquer, en prêchant l’Islam pur, basé sur le Coran et la Sunna, à développer la tariika Tijjaani ainsi que le culte du travail et des relations humaines. Il professa la prière, l’enseignement islamique, le travail et le respect de l’autorité tant religieuse qu’administrative.

Dès la première année, Madina Gounasse enregistra une population de 1200 âmes établies dans 117 concessions réparties dans 12 quartiers. Thierno donna à chaque quartier le nom d’un site ayant abrité un événement ou un personnage religieux. Il choisit pour chaque quartier l’emplacement de sa mosquée.

El Hadji Mamadou Saïdou organisa le village de Madina Gounasse. Il divisa le village en 12 groupes de travail [29] et chaque groupe désigna son responsable. Il créa un comité consultatif pour l’appuyer dans la gestion de la cité. Le comité était composé des 12 responsables de groupe. Le comité était chargé principalement de faire exécuter les consignes du grand marabout et de veiller au respect strict des règles de conduite édictées par le marabout. Les travaux collectifs et les investissements humains se faisaient à tour de rôle par les groupes ainsi institués. Le marabout fit promulguer des règles régissant la vie à Madina Gounasse, règles basées sur le respect des préceptes du Coran et de la Sunna. Il établit le plan d’aménagement du village et constitua des comités de lotissement et de distribution de parcelles. Il développa un type d’habitat approprié. Il délégua la chefferie à ses fidèles venus de Madina El Hadji. Tout nouvel arrivant se devait de se présenter chez le marabout pour manifester son désir de s’installer dans le village. Le marabout était le seul habilité à permettre l’installation d’un nouvel arrivant dans le village, à lui octroyer un terrain d’habitation et à lui autoriser de défricher un terrain de culture.

En 1998, la population de Madina Gounassse était estimée à 29 000 âmes dont plus de 70% se réclamant de familles venues du Fouta Toro, du Djolof, du Ferlo, du Boundou. Les autochtones, c’est-à-dire les Foulacounda, en forment les 2%. Les originaires du Mali, de la Mauritanie et du Fouta Djalon en constituent les 7%, tandis que les Ngabounké, venant de la Guinée-Bissau, en forment moins de 20%. A Madina Gounase, le Pulaar constitue la langue de communication. Madina Gounasse compte aujourd’hui 20 quartiers séparés par des avenues et traversés par des rues larges et droites. Les rues étaient tracées du temps de Thierno, sous sa supervision.

Le village totalise 22 mosquées. Madina Gounasse dispose de l’électricité et de l’eau courante. Madina Gounasse est le chef de lieu de la Communauté rurale du même nom. Madina Gounasse est en passe de devenir une commune.

Toute une vie au service de l’Islam et pour l’expansion de la Tijjaaniya

Thierno Mamadou Saïdou a vécu 80 ans dont 44 à Madina Gounasse. Il a réalisé beaucoup d’œuvres socioreligieuses.

En 1941, Thierno Mamadou Saïdou effectua son premier pèlerinage à La Mecque en compagnie de Thierno Ibrahima Guèye du village de Doondou, d’El Hadji Mahmoudou du village de Guiraye et d’El Hadji Moussa Diao de Madina Gounasse. Le voyage dura deux  ans.

En 1943, Thierno Ahmadou Barro le convainquit de construire une grande mosquée en ces termes : «N’aie point de crainte ! Ce village ne sera pas abandonné. Il grandira. Cesse d’hésiter à construire une grande mosquée dans ce village.»

En 1944, El hadji Mamadou Saidou effectua son premier voyage islamique. Il fit ce voyage en Gambie. Le second voyage, il le fit en 1945 en Guinée-Conakry. En 1947, il fit un voyage de trois mois au Fouta Toro.

En 1948, il fit son premier pèlerinage à Madina Seydi El Hadj et à Fès.

Il a effectué 46 voyages dont huit (8) à Fez, trois en Arabie Saoudite pour le pèlerinage, quatre à Ounfani (en Mauritanie) auprès du mausolée de Chérif Mouhamadou Hafaz.

El Hadji Mamadou Saïdou a créé 53 villages. En plus des 19 mosquées de Madina Gounasse, il a construit 33 mosquées dont 20 dans les villages qu’il a lui-même créés. Il a organisé et participé à 27 éditions du Daakaa. Il les a célébrées à tour de rôle sur 14 sites différents. Le premier Daakaa a eu lieu en 1942 à Aynou Mahdi. C’est à partir de 1960 que les Daakaa se tiennent régulièrement chaque année. Depuis 1973, les Daakaa se tiennent sur le site, à Abi Samaoun.

Madina Gounasse, après son érection en chef-lieu de communauté rurale

Malgré la diversité de leurs origines, les habitants de Madina Gounasse vivaient dans une parfaite entente. Le marabout prônait les mariages inter-ethniques. Tout le monde suivait à la lettre les directives du marabout. Chacun œuvrait au renforcement de la communauté. Les populations de Madina Gounasse avaient une seule référence, en la personne de leur guide Thierno Mamadou Siradji qui avait bâti son œuvre sur le Coran, les Hadiths et la Sunna. Sur la base des préceptes de l’Islam, le marabout avait vulgarisé le port de voile chez les femmes, amené ses adeptes à éviter les rassemblements mixtes (hommes et femmes) et à dispenser la gent féminine de certains travaux (commerce mobile, travaux champêtres, recherche de bois mort). Il avait simplifié les événements familiaux (baptêmes, mariages, décès). Les problèmes tant individuels que collectifs étaient soumis au marabout.

En 1979, un an avant la mort du vénéré Thierno Mamadou Saïdou, le village de Madina Gounasse fut érigé en chef-lieu de communauté rurale. Il fallait trouver un lettré en français pour en être le président. Seuls les immigrés récents, au demeurant, originaires du Fouta Toro, remplissaient ce critère. Le marabout porta alors son choix sur Amadou Tidiane Gollo. Certains Ngabounké originaires de la Guinée-Bissau contestèrent alors cette décision. Fin.

 

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