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Rejet de la proposition de loi sur l’homosexualité : de qui nos députés sont-ils les représentants ?
junior ba
jeudi 6 janvier, 2022 - 17:53

Comme elle l’avait annoncé à travers la sortie de quelques de ses membres, la majorité parlementaire a décidé de rejeter la proposition de loi introduite pour la criminalisation de l’homosexualité. Cette décision, à la limite très provocatrice, va à l’encontre des attentes du peuple et suscite de vives réactions. Si l’Assemblée nationale ne légifère plus pour mettre à l’aise le peuple par rapport à certaines préoccupations, fussent-elles d’ordre morales et éthiques, on ne peut s’empêcher de se demander si les députés représentent vraiment leurs mandants.

Ce n’est pas la première fois que les députés sont appelés à modifier des dispositions d’une loi déjà existantes. En effet, la révision des textes constitue le sport favori des membres de l’hémicycle. Ils valident des propositions de loi émanant du pouvoir, à tort et à travers, pour satisfaire les égos du « maitre » dont ils se considèrent comme le représentant exclusif. Au vu de leur dernier exploit- le rejet de la loi sur l’homosexualité– les députés, en tout cas ceux qui siègent au niveau du Bureau de l’Assemblée nationale n’ont que faire des soucis du peuple qu’ils ont cessé de représenter. A la vérité, ils ont choisi d’être représentants de leurs chefs de partis, et ne s’en cachent plus du fait des nombreux actes qu’ils posent et qui sont à l’antagonisme des aspirations populaires.

Si les députés « du peuple » avaient pris la pleine mesure de leur présence au sein de l’Assemblée « du peuple », un pan important de ce peuple ne devrait pas voir ses aspirations bloquées par ses mandataires. L’attitude de la majorité au sein du Bureau de l’Assemblée nationale relève donc de la pire trahison. C’est clair que les arguments avancés ne sont guère « recevables », surtout pour des gens dont la mission principale au sein de l’hémicycle est de « voter » sans retenue. Cette attitude moutonnière de toujours obéir aux injonctions de leurs chefs de partis, en tant que représentants du peuple pourtant, ne date pas d’aujourd’hui. Mais les « représentants du peuple » (les guillemets ont leur poids ici puisqu’ils ne le sont pas du tout) n’ont jamais été aussi infantilisés que sous le régime du président Macky Sall.

Quand il s’est agi de modifier la loi sur le viol pour le criminaliser, il y a de cela deux ans, les députés n’avaient pas hésité du tout. Pourtant, des textes existaient déjà pour réprimer ce qui était considéré jusqu’alors comme un délit. Contrairement à leur ligne de conduite sur la criminalisation de l’homosexualité, nos députés n’avaient pas avancé l’argument de l’existence de sanctions pour juger inutile la modification de la loi. Dès lors, personne ne peut comprendre l’argumentaire fait dans le communiqué du Bureau de l’Assemblée nationale à la suite du rejet intervenu le mercredi dernier. Dire que « tous les Sénégalais connaissent la position définie et affirmée, en plusieurs occasions, et plus particulièrement lors de rencontres avec des Chefs d’Etat étrangers, par le Président de la République, Monsieur Macky Sall » et que partant de cela il n’est pas besoin de procéder à la modification de la loi n°65-60 du 21 juillet 1965, relève d’une attitude qui cache des desseins inavoués.

En ne validant pas ce qui apparait nettement comme une demande sociale, les députés de la majorité qui siègent dans la commission des lois ont tout simplement trahi à leurs missions. Quand un représentant du peuple n’écoute pas ceux qui l’ont élu, il n’est plus digne de ce titre et de ce privilège de représentation. Au-delà des députés concernés, cette position dévoilée est celle du président de la République lui-même, et il est le premier responsable de cette défiance. Ils préfèrent préserver leur pouvoir plutôt que les valeurs en déliquescence face à la question de l’homosexualité. Et pour une question culturelle, les autorités à la tête du pays se bornent à ne penser qu’aux répressions économiques qui pourraient découler d’une possible criminalisation de la pratique.

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