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Accès à l’eau, assainissement et hygiène : cinq impératifs pour les pays africains
weli info
samedi 26 mars, 2022 - 22:01

Le Sénégal, hôte de la 9e édition du Forum de l’eau qu’accueille pour la première fois le continent africain, connaît les mêmes difficultés que la majorité des pays de la région dont la sécurité hydrique est menacée. « Le niveau des prélèvements actuels devrait augmenter de 30% à 60% d’ici 2035, renforçant le stress hydrique et mettant à l’épreuve la capacité de répondre à la demande d’une population en pleine urbanisation », souligne une étude de la Banque mondiale publiée à la mi-mars.

Satisfaire les besoins vitaux

Sur les 1,3 milliard d’habitants que comptait le continent en 2020, indique le rapport du Programme commun OMS/Unicef de suivi de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène (JMP), 411 millions d’entre eux ne disposaient toujours pas d’un service d’eau potable de base. L’Ethiopie, la République démocratique du Congo et le Nigeria sont les pays africains qui comptent le plus d’habitants dans ce cas. Ainsi, en Afrique subsaharienne, seuls 54% des habitants utilisent de l’eau potable. En ce qui concerne les services d’assainissement de base (toilettes et équivalents), 779 millions d’Africains n’y ont pas accès (208 millions d’entre eux font ainsi leurs besoins en plein air) et 839 millions ne disposent pas de services d’hygiène de base.

Réduire les inégalités entre urbains et ruraux

En outre, de nombreuses disparités persistent entre les zones rurales et les zones urbaines. Dans ces dernières, deux personnes sur cinq n’ont pas accès à de l’eau salubre, deux sur trois n’ont pas d’installations sanitaires gérées de manière sûre et la moitié de la population ne dispose pas de services d’hygiène de base, selon les Nations unies. Le Covid-19, dont le lavage des mains constitue l’une des mesures pour tenir la maladie à distance, a mis en exergue la fragilité des Africains dans le domaine de l’eau. Une analyse de la Banque mondiale souligne que « près de 63% des habitants des zones urbaines d’Afrique subsaharienne ont du mal à accéder » à des services de base, notamment pour se laver les mains. Quant aux zones rurales, ce sont trois personnes sur quatre qui n’ont pas d’eau potable gérée de manière sûre, trois sur quatre qui ne disposent pas de services d’assainissement gérés de manière sûre et sept sur dix qui n’ont pas de services d’hygiène de base.

Accélérer le rythme pour un accès universel

Les pays africains ont fait des progrès significatifs en matière de fourniture d’eau potable et de services d’hygiène à leur population. Néanmoins, pour atteindre le sixième Objectif de développement durable (ODD) qui consiste à « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable d’ici à 2030 », ils devront redoubler d’efforts. A savoir multiplier « par douze » les taux de progression actuels en ce qui concerne l’accès à l’eau, « par vingt » ceux de l’assainissement géré en toute sécurité et « par quarante-deux » les taux de progression relatifs aux services d’hygiène de base.

Miser sur les eaux souterraines

Faire des efforts et trouver de nouvelles sources d’approvisionnement autres que les eaux en surface. « L’Afrique possède d’importantes ressources en eaux souterraines », indique la dernière édition du Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau publiée à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau célébrée le 22 mars. Le texte souligne que bien que ces réserves « ne soient pas toutes exploitables », leur volume serait « cent fois supérieur à celui du renouvellement annuel des ressources en eau douce de la région ». Par conséquent, « l’exploitation des eaux souterraines est une solution à fort potentiel pour répondre aux besoins croissants en eau de l’Afrique subsaharienne ».

Une étude menée par la British Geological Survey (BGS) et l’ONG WaterAid parvient à des conclusions similaires. Selon celle-ci, « chaque pays d’Afrique subsaharienne pourrait fournir 130 litres d’eau potable par jour et par personne en puisant dans les eaux souterraines, sans utiliser plus de 25% de la recharge moyenne à long terme, et dans la plupart des cas moins de 10% ». En sachant que d’après l’OMS, « environ 50 litres » d’eau par personne et par jour suffisent pour satisfaire les besoins en eau les plus basiques.

Financer le développement hydrique

L’exploitation des eaux souterraines nécessite la mobilisation de ressources additionnelles pour des Etats dont la bourse est peu garnie, notamment dans le secteur privé. Le président sénégalais Macky Sall, qui assure la présidence de l’Union africaine, souligne dans une tribune que le continent « devra investir jusqu’à 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) chaque année », dans le domaine de l’eau, « les pays (n’allouant) aujourd’hui que 0,5% de leur PIB au secteur ». « Les gouvernements, à eux seuls, ne pourront pas assumer ces dépenses, particulièrement à l’heure où nombre d’entre eux peinent à payer les services essentiels, dans un contexte de montée de la dette, ajoute-t-il. Si les banques multilatérales de développement se sont engagées à augmenter de 25% à 35% leur financement dans le secteur, l’investissement privé aura un rôle clé à jouer pour combler l’écart, dans le cadre de partenariats public-privé solides, indispensables au renforcement de la participation du secteur privé ».

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