Depuis qu’il a été testé positif au coronavirus, le président américain Donald Trump a reçu un certain nombre de médicaments différents, comme l’ont révélé ses médecins.

On ne sait pas exactement quand le président a contracté le virus, mais il y a deux grandes phases d’une infection au coronavirus : la première où le virus lui-même constitue le problème et la seconde, phase mortelle, où notre système immunitaire se met en surrégime et commence à causer des dommages collatéraux massifs à d’autres organes.

Les traitements se divisent en deux camps : ceux qui s’attaquent directement au virus et sont plus susceptibles d’être utiles dans la première phase et les médicaments destinés à calmer le système immunitaire qui sont plus susceptibles d’agir dans la seconde phase.

Quels sont donc les médicaments utilisés et que nous apprennent-ils sur son état ?

Dexaméthasone

Ce stéroïde sauve des vies en calmant le système immunitaire, mais il doit être utilisé au bon moment. Si on le donne trop tôt, le médicament pourrait aggraver la situation en affaiblissant la capacité de l’organisme à combattre le virus.

Ce n’est pas un médicament que l’on donne habituellement au stade « léger » de la maladie.

Un essai du médicament qui a eu lieu au Royaume-Uni montre que les effets bénéfiques se font sentir au moment où les gens ont besoin d’oxygène – ce que M. Trump a brièvement reçu.

L’Organisation mondiale de la santé conseille d’utiliser le stéroïde dans les cas « graves et critiques ». Le taux d’oxygène dans le sang de M. Trump est descendu en dessous de 94%, ce qui est l’un des critères de la National Institutes of Health pour une « maladie grave ».

Cependant, ces faibles niveaux d’oxygène n’ont pas été maintenus et l’écart entre une personne ayant besoin d’un soutien transitoire en oxygène et un cas grave de Covid est énorme.

Certains estiment que le président pourrait être frappé d’incapacité en raison des effets que le stéroïde peut avoir sur l’esprit. Les effets secondaires de la dexaméthasone comprennent l’anxiété, l’altération de l’humeur et les troubles cognitifs, mais ils sont plus fréquents en cas d’utilisation prolongée, plutôt qu’en cas de traitement court comme celui que M. Trump reçoit actuellement.

Thérapie par anticorps monoclonal

Il s’agit d’une combinaison d’anticorps, fabriqués par la société Regeneron, qui imitent notre propre réponse immunitaire.

Les anticorps se fixent physiquement au coronavirus de sorte qu’ils ne peuvent pas pénétrer dans les cellules de l’organisme et rendent le virus plus « visible » pour le reste du système immunitaire.

Le traitement de Regeneron a été développé à partir des cellules provenant d’un fœtus avorté. Ces cellules sont utilisées pour tester la capacité des anticorps à neutraliser le coronavirus.

L’administration Trump a suspendu le financement fédéral en 2019 pour de futurs projets utilisant des tissus fœtaux issus d’avortements. Les cellules utilisées dans le traitement de Regeneron provenaient d’un fœtus avorté dans les années 1970, donc avant cette décision.

La semaine dernière, la société a publié sur son site web des résultats montrant que le cocktail a réduit la quantité de virus dans l’organisme ainsi que le temps de guérison des patients. Cependant, ces résultats ont été obtenus chez des personnes qui n’avaient pas besoin de traitement hospitalier et les données n’ont pas été vues par les scientifiques ou les médecins.

Cette approche est scientifiquement sensée et il y a un grand espoir qu’elle soit efficace. Cependant, les preuves chez les patients sont encore très limitées et ces monoclonaux sont toujours classés comme un médicament expérimental – les essais cliniques sont en cours. Le président est l’une des rares personnes en dehors de ces essais à suivre le traitement dans le cadre de ce que l’on appelle l' »usage compassionnel ».

Remdesivir

Ce médicament antiviral a d’abord été développé pour traiter le virus Ebola. Il agit en confondant le virus car il ressemble chimiquement à certaines des matières premières dont le virus a besoin pour se répliquer. Cela perturbe la capacité du virus à se multiplier dans l’organisme.

Les essais cliniques ont montré que le médicament réduit la durée des symptômes de 15 à 11 jours.

Cependant, rien ne prouve que des vies aient été sauvées grâce au Remdesivir.

Comme les anticorps monoclonaux, le Remdesivir est susceptible d’avoir son impact le plus important au début d’une infection.

Qu’en est-il du reste ?

Les médecins du président Trump disent qu’il prend également du zinc, de la vitamine D, de la famotidine, de la mélatonine et de l’aspirine. Il n’est pas certain que l’un de ces médicaments soit délibérément destiné au Covid 19.

Le zinc est un minéral qui joue un rôle dans le système immunitaire, mais rien ne prouve que ces suppléments améliorent la capacité des gens à combattre le virus.

La vitamine D est connue sous le nom de vitamine du soleil, car elle est fabriquée dans la peau en réponse à la lumière du soleil. Elle joue également un rôle dans la santé du système immunitaire, mais là encore, rien ne prouve que la prise de suppléments aide à lutter contre le Covid 19.

La famotidine diminue la production d’acide gastrique et est utilisée pour les personnes souffrant d’ulcères d’estomac ou de reflux. De petites études estiment qu’elle peut aider, mais sa qualité est considérée comme faible et les scientifiques ont demandé des recherches supplémentaires.

La mélatonine quant à elle est une hormone que le corps fabrique le soir et qui nous aide à nous endormir. Elle est parfois administrée pour traiter l’insomnie.

L’aspirine est un analgésique et un anticoagulant utilisé pour réduire le risque de caillots sanguins. Des cas inhabituels de coagulation du sang ont été observés chez des patients atteints de coronavirus et elle peut également calmer l’inflammation dans l’organisme. Il existe des essais sur l’aspirine dans le cadre du Covid, mais rien ne prouve qu’elle soit utile.