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Le peintre Roméo Mivekannin libère les âmes du peuple noir
Franceinfotv
samedi 24 octobre, 2020 - 2:00

Dans les œuvres de Roméo Mivekannin, la toile qui sert de support est composée de différents morceaux de draps usagés, de batiks traditionnels ou de toiles de jute. Les textiles sont d’abord plongés dans des bains d’élixir, de sel ou d’épices avant d’être cousus entre eux pour former un patchwork carré. Originaire du Bénin où le vaudou fait partie du quotidien, l’artiste revendique cette pratique comme une sorte de rite initiatique dans son processus de création.

Grâce à sa maîtrise du trait et du contraste, il reproduit alors à l’acrylique des personnages et des situations inspirés de peintures et de photographies célèbres de l’iconographie occidentale. « De ‘Vente d’esclaves’ de Jean-Léon Gérôme (1873) à ‘Olympia’ d’Edouard Manet (1863) en passant par les premiers portraits photographiques des monarchies coloniales de la seconde moitié du 19e siècle, Roméo Mivekannin se concentre particulièrement sur les représentations ambiguës des figures noires, sources tant de fascination que de craintes, tantôt anonymisées, érotisées ou objectivées et destinées à l’œil quasi exclusif d’un spectateur masculin et euro-centré », explique la Galerie Cécile Fakhoury.

Mais l’artiste ajoute une dimension temporelle, un aller-retour entre passé et présent, en incrustant son visage sur un ou plusieurs personnages représentés sur la toile. Chaque œuvre possède alors son propre temps historique. Au-delà de l’effet de surprise, ce trait d’humour subvertit la narration pour construire sa propre vision des récits communs. « L’artiste vient ainsi troubler les déséquilibres et les dominations qui habitent non seulement ces scènes, mais aussi leur représentation première, au sein desquelles il introduit une critique subtile, à la frontière entre réécriture d’une mémoire collective et rituel intime d’accession à l’identité », précise la galerie.

Roméo Mivekannin explique ce geste artistique dans un entretien sur le site artvisions : « C’est politique parce que cela parle de la construction de mon corps par rapport à l’altérité. Un corps soumis, terrorisé, stéréotypé, marchand, dominé, parce que l’asservissement est passé par là.

Je me disais comment vivre avec ce corps, qui automatiquement renvoie une image qui n’est pas la mienne ? Comment vivre encore en sachant que l’être que vous êtes ne correspond pas à l’image que vous donnez, que vous renvoyez, représentez ? Comment vivre avec ce corps qui n’est pas moi ? »

Grâce à ce procédé du masque, le peintre interroge « l’invisible et le caché, le vécu et le devenir » de ses personnages. Mais une autre dimension s’ajoute à ce travail car, dans le culte vaudou, « chaque dieu correspond à un ancêtre décédé. Quand on porte le masque de l’un de ces dieux, d’une personne qui a vécu, on les libère (…) et sauve leurs âmes errantes. »

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