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POURQUOI LE TELETRAVAIL PEINE À S’IMPOSER AU SENEGAL
lundi 18 janvier, 2021 - 17:57

Dans une note circulaire, le ministre de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage, M. Dame Diop, invitait ses services à adopter le télétravail dans l’optique d’éviter les rassemblements dans un contexte de recrudescence de Covid-19. Qu’en est-il de la faisabilité de ce mode de travail au niveau de l’administration et son impact sur la productivité ? Quelques spécialistes apportent leurs éclairages pour dire que, globalement, l’environnement au Sénégal n’est pas propice pour le télétravail, d’où une impossible généralisation de cette pratique à tous les secteurs.

Avec la crise sanitaire qui a mis une partie du monde en mode confinement, des entreprises ont vite fait de trouver la bonne formule pour survivre. C’est ainsi que le télétravail a été choisi comme option. Est appelée ainsi une activité professionnelle effectuée en tout ou partie à distance du lieu où le résultat du travail est attendu. Ce par opposition au travail sur site, à savoir celui effectué dans les locaux de l’employeur. Une forme à laquelle une partie du monde s’est conformée, notamment en Europe et aux Usa, surtout au niveau de la presse de certains de ces pays. Dans ces deux continents, mais aussi en Asie, certaines entreprises comptent poursuivre cette façon de travailler après la crise sanitaire.

Au Sénégal, quelques entreprises de presse continuent de fonctionner avec cette méthode. Et tout dernièrement, avec l’apparition de la deuxième vague de coronavirus, le ministre de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage, M. Dame Diop, dans une note circulaire, invitait le personnel de son département à adopter le télétravail pour éviter la propagation du virus. En réalité, bien avant cette note du ministre destinée à son personnel, beaucoup d’entreprises opéraient en mode télétravail. Des entreprises qui se sont réorganisées et essaient de s’adapter à cette nouvelle situation. Ce, pour éviter les risques de contamination entre leurs employés. L’économiste et professeur Meïssa Babou pense toutefois que le passage en mode télétravail nécessite une formation adéquate. A l’en croire, les Sénégalais ne sont pas préparés à s’adapter au télétravail. Ce, même si notre pays semble être très en avance en termes de numérique en Afrique. Malgré cette performance dans le domaine des télécoms, beaucoup de choses restent à parfaire dans le domaine de la connectivité des réseaux.

 

PR MEISSA BABOU : « Ce ne sont pas toutes les entreprises qui peuvent adopter le télétravail »

« Les Sénégalais ne sont pas bien préparés à ce type de travail. Parce que beaucoup de services publics et privés ne sont pas dans ce qu’on appelle la dématérialisation. C’est-à-dire travailler par l’internet comme le font, par exemple, la Douane et les Impôts et Domaines. Ce ne sont pas tous les services administratifs qui sont dotés de plateforme leur permettant de travailler à distance. Si vous prenez le cas des écoles, surtout celles dites publiques, très souvent, c’est l’absence de plateforme qui bloque les enseignements à distance. Même dans le milieu de la presse, très souvent, les gens ont de la peine à appeler quelqu’un et à le mettre sur vidéo pour faire une émission en direct. Non seulement les personnes ne sont pas formées pour ça, mais aussi les entreprises ne sont pas dotées de matériels spécifiques pour être dans ce genre de travail. C’est vrai, il faut reconnaitre que le Sénégal est en avance sur le numérique en Afrique. Mais il reste beaucoup à parfaire. Il y a trop de problèmes de réseaux, de conformité. Beaucoup de choses qui font qu’effectivement, de ce côté-là aussi, les choses ne puissent se faire. Je crois que les opérateurs doivent aider à mieux comprendre cet aspect » indique. L’économiste.

Selon Meïssa Babou, c’est aux opérateurs de télécoms de saisir l’opportunité de mettre en place une plateforme, un système favorisant ainsi les conditions de travailler à distance. Pour lui, travailler à la maison n’est pas une chose évidente. Car, estime-t-il, l’employé rencontre très souvent beaucoup de facteurs l’empêchant de faire son boulot convenablement, surtout quand il est proche de sa famille. A en croire le professeur d’économie, l’environnement social sénégalais n’est pas très propice à la concentration que requiert le télétravail. « En tant que fournisseurs de réseaux et, souvent, de matériel numérique, les opérateurs doivent aller quand même dans le sens de la formation et de l’information pour que les gens comprennent que c’est possible. J’ai fait un cours à distance avant-hier. A la maison, par exemple, il y a mon neveu. Et je sais qu’il ne me laissera jamais tout seul devant ma machine faire mon cours pendant trois heures. Je me suis enfermé dans ma chambre puisqu’il a beaucoup pleuré. Le lendemain, je suis allé au bureau m’enfermer pour travailler. C’est vrai que l’environnement social sénégalais n’est pas très propice à cette concentration à la maison. Mais je crois que, malgré tout, on peut faire avec pour être dans le travail pour lequel vous êtes payé » a conclu Pr Meïssa Babou.

Avis d’un Inspecteur du Travail : « Il y a certaines mutations qu’il faudrait prendre en charge pour que le télétravail ne puisse pas occasionner une difficulté… »

A en croire un inspecteur du Travail s’exprimant sous l’anonymat, tous les travailleurs ne peuvent pas être en télétravail. Il estime que certains postes comme ceux de magasinier, de planton, d’imprimeur, de chauffeur, de cuisinier etc. nécessitent absolument une présence physique. « Par exemple, une entreprise qui fabrique du gel, les travailleurs qui sont dans la chaine de production. Ceux qui doivent remplir les bouteilles et consorts, ne peuvent pas faire du télétravail. Parce qu’on ne peut faire ce travail à distance. Le télétravail, on ne peut l’appliquer que pour certains postes de travail qui ne nécessitent pas la présence physique du travailleur au sein de l’entreprise. L’employeur peut regarder au niveau des différents postes de travail pour voir ces postes qui ne nécessitent pas la présence physique de l’employé pour appliquer le mode télétravail.

Toutefois, ce dernier mode va demander certains moyens. Si l’employé travaille chez lui, il a besoin d’avoir de l’électricité et de la connectivité lui permettant d’envoyer son travail. Cela nécessite un minimum de conditions à respecter par l’employeur » indique notre inspecteur du Travail. Poursuivant, il estime que l’autre problème que le télétravail va poser quand le travailleur est chez lui c’est que si, par exemple, « il est victime d’un accident du travail chez lui, il faudrait que la législation soit réadaptée afin qu’on prenne en compte cet accident de travail. Ces aspects-là ne sont pas encore couverts par la législation. Donc, il faudrait essayer de changer la législation afin que si un travailleur a un accident du travail chez lui, que cet accident soit considéré comme un accident de travail par la Caisse de sécurité sociale. Il y a certaines mutations qu’il faudrait prendre en charge pour que ce télétravail ne puisse pas occasionner une difficulté de prise en charge sur le plan des risques sociaux », confie en conclusion notre interlocuteur

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